Le plaisir de lire, ça s'enseigne!

Vous devez savoir qu’il y a longtemps que je réfléchis à cette matière qu’est « le français à l’école », cette matière rébarbative pour tant de jeunes. Depuis que j’enseigne, rien ne semblait donner de résultats satisfaisants auprès de mes cohortes (et je ne parle même pas d’évaluation). Oh! Mes élèves avaient des résultats assez bons devant un fameux test de lecture, mais ils n’apprenaient pas ce qu’était l’amour de la lecture. J’avais beau leur présenter un ouvrage avec un projet hyper motivant (car il faut bien les évaluer!), la lecture rimait avec horreur, damnation et torture évaluative. Où se trouvait cette fièvre contagieuse propageant le gout de lire par pur plaisir?

 

Puis, je tombai sur cet ouvrage de Nancy Atwell aux éditions D’Eux : La zone lecture. Quelle fut poignante cette révélation, cette maille manquante à mon enseignement! Sans hésiter, je tournai à 180 degrés. C’était décidé, la lecture serait (pour de vrai, de vrai!), au centre de mon enseignement.

 

Lire est à la base de toutes les matières. Mais lire, si on l’a en horreur, est une réelle souffrance. Voilà ce qui devait changer! Rendre la lecture aussi salivante qu’un met succulent dans un grand restaurant! Propager une épidémie littéraire irréversible auprès de mon groupe. Et, pour cela, des transformations concrètes étaient inévitables.

Ma classe fut donc pensée pour que le lecteur y soit au centre de tout : une énorme bibliothèque trône sur tout un pan de mur. On y retrouve un choix de livres assez varié.

 

Mais où dénicher ces romans? Un livre, c’est dispendieux! Et ce n’est pas encore le ministère de l’éducation qui nous offre le montant substantiel pour nos achats littéraires. Je me réserve donc toujours une somme d’argent en cours d’année scolaire pour l’achat de bouquins. Cet argent provient de subventions offertes par des concours scolaires ou encore par des campagnes de financement que nous organisons à même l’école. Puis, chaque année je me rends à la grande vente annuelle des livres élagués des bibliothèques de Montréal. J’y trouve de vrais trésors littéraires à moindre coût!

 

Et pourquoi que des romans? Je crois que je voulais faire taire cette peur du gros livre, qui hante la plupart des élèves en leur présentant la profondeur des textes, la richesse du vocabulaire et les thèmes variés qu’on peut y retrouver. Bien sûr, je possède une collection d’albums jeunesse et de documentaires dont nous nous servons aussi, mais pas durant la période de lecture. Celle-ci est consacrée à la lecture de romans.

 

J’ai également cru qu’il était bon que je lise chacun des romans que je fais entrer en classe (je sais, ça semble beaucoup, mais par petite dose, on y arrive!), afin de pouvoir en discuter avec passion durant les entretiens individuels qui se déroulent en simultané lors de leur période de lecture (mais cela, on en reparlera dans un autre article!).

 

Dans cette bibliothèque, les bouquins sont pour l’instant rangés par genre littéraire. Éventuellement, ils y seront classés par ordre alphabétique, à même le genre. De plus, cet été, j’ai conçu de petites étiquettes pour identifier le niveau de lecture à la manière des petits pois lisent tout. L’année débute (de grands projets en perspective!) : on les retrouvera bientôt collés sur les romans de la classe, c’est promis!

 

« Mais il est où ton coin lecture? » me demandent certains en entrant dans ma classe. En fait, vous n’en trouverez pas! Je désire que les élèves lisent confortablement et avec bonheur dans toute la classe! Le local est donc créé comme un gigantesque coin lecture! Je ne voulais plus confiner la lecture dans un seul endroit, mais la placer au cœur même de notre salle de classe. Et c’est réussi! Vous pouvez y observer un peu partout des jeunes, le nez plongé dans leur bouquin, et ils adorent cela! D’ailleurs, vous devez savoir qu’il est interdit de nous déranger durant notre période de lecture! La porte du local est donc fermée et une affiche y est fixée pour avertir tous visiteurs de passer plus tard! On pourrait y entendre une mouche voler!

 

Pour le prêt des livres, chaque élève possède une série de fiches à leur nom dans un boitier posé sur une des étagères de la bibliothèque. Lorsqu’ils se choisissent un livre, ils y notent leur emprunt. Lors de la remise du roman lu, ils me présentent cette fiche avec leur livre. J’y appose mes initiales comme preuve de la remise en main propre et je range moi-même les bouquins à leur place. C’est incroyable! Je ne perds plus aucun de mes livres! De plus, afin de protéger mes romans contre les intempéries, les petites sœurs qui aiment colorier et les sauces à spaghetti huileuse et si rouge, je distribue aux élèves en début d’année un sac de lecture, gracieuseté de ma maman qui a confectionné un sac par enfant. Ah, ces mamans!

 

Tous les matins, lors de nos ateliers de lecture, nous nous rassemblons au tapis, assorti de coussins de toutes formes et grandeurs. On s’y assoit pour une mini leçon de poésie ou de lecture avant de prendre notre demi-heure dans « la zone lecture ». C’est aussi là que nous échangeons sur nos coups de cœur littéraires. C’est un temps riche, intime pendant lequel nous bâtissons cette vie de famille littéraire si précieuse à mon cœur d’enseignante. Ah oui! Oh! Comme je pourrais vous en dire encore et encore! Enseigner la lecture n’a jamais été aussi merveilleux ! Ça sera pour un prochain article!

Vous avez des questions ou vous voulez venir visiter la classe? Écrivez-moi en privé, il me fera plaisir de vous accueillir!

 

Bonne rentrée scolaire haute en lecture!

(texte écrit sur le site Les Petits Pois Lisent Tout

https://lpplt.com/nouvelle.php?id=2